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Patronyme – Vanessa SPRINGORA

Ce nouveau livre de Vanessa SPRINGORA ne me tentait pas : la recherche du père, c’est personnel. Mais j’ai aimé la recherche du grand-père et ce qu’en déduit l’auteure.

J’ai découvert la petite ville de Zábřeh en Tchéquie, ses multiples changements d’appartenance (Allemande, Tchécoslovaque puis Tchèque). C’est là où est né le grand-père Joseph / Josef Springer, d’où est originaire sa famille allemande des Sudètes.

J’ai aimé que l’auteure fasse référence à divers écrits et romans, soit sur le Tchéquie, soit sur le patronyme.

J’ai aimé qu’elle me parle du déracinement qui est toujours une douleur (même l’exil volontaire), de jour comme de nuit : certains rêves emportent les exilés dans le pays qu’ils ont eu tant de mal à quitter. Au réveil, un sentiment mêlé de perte et d’effroi les tenailles. (p.295)

J’ai aimé le leitmotiv du château : Joseph et son frère en trouve toujours un sur leur route, et l’un d’eux a été intégré dans la légende familiale.

J’ai aimé que l’auteure me parle de l’homosexualité cachée de son père, qu’il n’ait pas assumé, pas pu la vivre normalement. J’ai aimé qu’elle fasse le parallèle avec les années 20-folles  de libération, avant le retour de bâton des terribles années 30 ; parallèle avec nos années de libération et celles qui s’annoncent.

Une lecture enrichissante sur les patronymes qui parfois posent problèmes.

Quelques citations :

« On ne peut plus méditer sur le nom propre après la Shoah comme on aurait pu le faire auparavant. Il y a eu là une rupture indépassable. La question du nom s’en est trouvée déplacée, désorbitée en quelque sorte » écrit Claude Burgelin dans son essai Les Mals Nommés. (p.271)

D’un autre côté, j’aurais bien du mal à faire entrer ma propre existence dans une case, mon énergie est en grande partie consacrée à faire tenir ensemble tous les morceaux épars de mon identité. (p.341)

Un nom à soi, c’est ce qu’on en fait. Chacun y met le sens qu’il souhaite, s’invente sa propre légende. (p.342)

Les non-dupes errent : écrivait Jacques Lacan. Aussi célèbre soit-il, ce calembour m’avait toujours paru obscur. (p.349)

L’image que je retiendrai :

Celle de l’appartement dans lequel est décédé le père, sa pièce-salon capharnaüm fermée.

Grasset, 2 janvier 2025, 368 pages

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