Auteurs en Z

Frapper l’épopée – Alice ZENITER

J’entrais dans cette lecture sans trop y croire, ayant lu des avis plus que mitigés ; des copines du Club de Lecture ayant abandonnées.

Et j’ai aimé cette lecture si changeante : j’ai au départ détesté ce groupe terroriste « Empathie violente » et puis j’ai fini par comprendre leur façon d’agir. J’ai au départ eu de la peine pour Tass (Tassadit) qui vit une rupture amoureuse, et puis je n’ai pas aimé qu’elle ne comprenne pas le combat kanak.

Certes, la grossesse en fin de volume parait un peu rajoutée, et l’auteure s’en explique en fin de volume.

J’ai aimé monsieur Emmanuel, le proviseur du lycée dans lequel travaille Tass, empathique à sa façon.

J’ai aimé retrouver ce Caillou perdu au milieu de l’océan ; ce peuple kanak taiseux comme nos vieux paysans métro.

J’ai aimé cette empathie violente qui défait sans violence, qui sape petit à petit, à la manière des anciens colonisateurs.

J’ai découvert que des algériens, marocains, tunisiens avaient eu aussi été déportés en Nouvelle.

J’ai découvert Déwé Gorodé et son écrit « Sous les cendres des conques ».

J’ai découvert Ataï qui mena l’insurrection kanak de 1878 contre les colonisateurs français.

J’ai adoré la « vision » dans la rivière qui permet à Tass de découvrir son histoire familiale : l’arrivée de son grand-père algérien bagnard, son mariage et ses enfants.

Je me suis demandée d’où venait ce titre avant de comprendre qu’il fait référence à la façon dont le groupe « Empathie violente » agit pour déstabiliser les colons.

Un roman passionnant sur l’histoire de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie, de ses tribus, de la coutume et de sa signification, et de la difficile / impossible insertion dans le monde européen.

Une citation :

Mais une femme ne se fait pas violer. (…)

Un homme viole une femme.Des hommes violent des femmes. Très souvent. Il y a des hommes qui violent des femmes.Ils ont des corps, des visages te des noms. On ne peut pas accepter qu’ils disparaissent de la phrase. Que le viol reste suspendu derrière eux, après leur passage, mais personne pour l’avoir commis. (p.324)

L’image que je retiendrai :

Celle des partisans d’empathie violente enlevant petit à petit de la terre sous la statue de la poignée de mains Place des cocotiers pour que Jacques Lafleur descende au même niveau que Jean-Marie Tjibaou.

Flammarion, 14 août 2024, 352 pages

26 commentaires

  • Sacha

    Je trouve cet extrait très juste : sans bourreau, il n’y aurait pas de victime. Il est important de les nommer!

  • Aifelle

    J’ai lu jusqu’à présent des avis plutôt mitigés. Le tien est nettement plus positif. Je verrai si j’ai l’occasion de le lire.

  • bulledemanouec671473c7

    Ton avis rejoint donc le mien….moi aussi je l’ai trouvé passionnant.

  • Choup

    Nous en avons un peu parlé lors du café littéraire de ma médiathèque… avis mitigée de celle qui l’avait lu, mais je n’ai pas très bien compris pourquoi : elle parle beaucoup par sous-entendu, et commence des phrases sans les finir… pas facile de s’y retrouver. Pour en revenir au roman, je ne sais pas si je le lirai, il ne me fait pas très envie. Mais peut-être l’offrirai-je à mes beaux-parents qui ont vécu pendant 4 ans là-bas.

    • alexmotamots

      Alors ce roman leur parlera, c’est certain. Mon mari et moi n’y avons passé que 2 mois, mais j’ai retrouvé plein de choses dans ces pages.

  • Violette

    ta citation sur le viol m’avait aussi marquée. Comme dit, certains passages m’ont trop tenue à distance, mais dans l’ensemble j’ai apprécié (peut-être moins que toi) cette lecture.

  • Josse LEP

    Ce roman t’a certainement rappelé quelques souvenir de votre séjour à Nouméa et de votre visite dans la brousse, accueillis par la Tribu de Yaté, où nous avions passé une belle journée !

  • Hedwige

    Drôle de terme que celui d’empathie violente qui, si j’en comprends bien le concept, est une technique de manipulation en vue de saper un régime.

  • Fanja

    J’étais curieuse de ce roman à sa parution mais les avis semblent très partagés. Je crois avoir vu autant de critiques enthousiastes que négatives. Difficile de savoir quoi en penser…

  • She reads a book

    Il est dans ma wishlist, et cela parce que j’ai eu la chance de pouvoir passer 1 mois 1/2 en Nouvelle-Calédonie il y a quelques années maintenant et j’ai du coup envie de découvrir ce roman.

  • coupsdecoeurgeraldine

    Un roman effectivement intéressant, mais dont je n’ai pas aimé la narration, je l’ai même subi. Elle manque d’allant pour me captiver et me faire tourner les pages frénétiquement.