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Bleus, blancs, rouges – Benjamin DIERSTEIN

En Italie, les Brigades Rouges ; en Allemagne, la Fraction Armée Rouge ; en France, Action Directe mais aussi Mesrine et le Groupement Armé Révolutionnaire ; et celui qui aide tout le monde, le mystérieux Geronimo.

Et là vous me dites : le GAR n’existe pas. Oui, car l’auteur mêle fort habillement fiction et réalité dans ce premier volet d’une saga historique et politique.

J’ai aimé que les personnages secondaires aient vraiment existé et fait ce qui est narré dans ces pages : Valery Giscard d’Estain (ses chasses chez Bokassa pleines de diamants) ; Pierre Goldman (le demi-frère de J-J et son assassinat) ; Jacques Mesrine (sa traque et son assassinat) ; Jean-Bedel Bokassa (ses affaires avec la famille élargie Giscard d’Estain et sa destitution) ; Alain Delon (ses largesses financières avec le milieu de la nuit)…

J’ai aimé les 3 personnages principaux fictifs :

Robert Vauthier, ancien garde du corps du Monarque (comprenez le Président Giscard d’Estaing), puis d’Omar Bongo, ancien  de la Colonial, rachète une boîte de nuit parisienne qu’il rebaptise le Tchibanga comme la ville gabonaise.

Jacqueline Lienard, dites Jacquie, jeune inspectrice au RG qui passe son temps à manger des barres chocolatées à la poursuite d’informations sur les groupes terroristes français actifs.

Marco Paolini, sortie majeur de promo devant Jacquie, qui lui est à la BRI et ne rêve que de voir sa photo en une de Match, comme celle de son patron. Marco travaille aussi pour le SAC (Service d’Action Civique) qui n’hésite pas à casser du gréviste pour le patron qui paye.

J’ai aimé les surnoms dans ce roman : Jacquie est la lèche-botte car elle est la nièce du Cerveau (le chef des RG) et Marco est surnommé Pasolini. Dans leur équipe, il y a respectivement Vinaigrette, de Funès et Papillon ; Starsky, Dédé, Cousteau, Blanche-Neige et la Fédé. Le journaliste est surnommé Flash.

Voilà pour les personnages principaux.

Apparaissent aussi le roi de Paris la nuit dont la légende raconte qu’il a mis un coup de tête à un cheval, ou peut-être une girafe ; le chef de la Mondaine (surnommé Coin-Coin) qui règne sur les professionnels de la nuit ; Bernard Tapis qui rachète les propriétés françaises de Bokassa à prix cassé ; Jean-Claude Verhaegen le président du club des policiers socialistes.

Le roman a pour cadre les actions terroristes qui ont eu lieu en France (le roman s’ouvre le 31 mars 1978 et se termine le 31 décembre 1979) et la traque de Mesrine.

Le mystérieux Geronimo est recherché par tous les services de police mais reste insaisissable. Seul signe distinctif : il lui manque 3 doigts à la main droite.

J’ai aimé découvrir que l’empereur Bokassa avait été chassé du pouvoir par un coup d’état de la France parce qu’il se rapprochait trop du colonel Kadhafi. Colonel que certains essaient d’assassiner, sans succès, comme un running gag.

J’ai découvert que Giscard Senior, avait fait fortune grâce à l’esclavage en Centrafrique, et que la famille avait la main sur le trafic de diamants, d’uranium, d’ivoire et d’aluminium.

J’ai aimé qu’au début du roman, aucun des personnages ne pense la victoire de Mitterand possible en 81. Mais après certaines révélations, leur opinion change.

J’ai aimé que Marco devienne un personnage torturé : il porte depuis toujours une croix sur son torse qu’il sert quand il ne va pas bien, il se confesse souvent, mais ses actions délictueuses deviennent des remords de plus en plus envahissants.

J’ai eu de la peine pour Agnès qui s’accroche bec et ongle pour devenir sa femme et fait tout ce qu’elle peut pour avoir le droit de travailler.

J’ai aimé que les personnages parlent des films qu’ils ont vu et qui viennent de sortir (Les Bronzés, La cage aux folles…)

Un roman dense qui mêle très habilement fiction et faits réels sans jamais perdre le lecteur.

L’image que je retiendrai :

Celle des RG et de la BRI qi ne communiquent pas entre eux, ce qui crée des situations ubuesques et dangereuses.

Flammarion, 19 février 2025, 800 pages

Avec cette lecture de 800 pages passionnantes, je participe au challenge Les épais de l’été de Dasola ainsi qu’au challenge Les pavés de l’été de Sibylline.

24 commentaires

  • Athalie

    Il est dans ma pile … Ta note m’encourage à m’y lancer, j’avais un peu peur d’être perdue entre réalité et fiction.

    • Alex-Mot-à-Mots

      A cette époque, je n’avais que 8-9 ans, alors certains faits me disaient vaguement quelque chose, sans plus. Réalité et fiction s’entre-mêlent très bien.

  • Sacha

    Un beau pavé ! Je n’aime pas du tout lire sur cette période en France, mais ça semble très bien mené !

  • Yael Le Bras

    une excellente analyse. Je ne connaissais pas ce livre qui m’a l’air trés interessant

  • Ingannmic

    Ce livre reçoit un très bon accueil, qui me motive pour guetter sa sortie en poche… j’aime beaucoup cet entremêlement d’histoire et de fiction, lorsqu’il est réussi. Cela me fait penser entre autres au livre de Thomas Canteloube, Requiem pour une République, qui se passe en France pendant la guerre d’Algérie, dont lequel les personnages croisent Jean-Marie Le Pen, François Mitterand ou Maurice Papon, alors préfet d’île de France…

  • aifelle

    Une période qui n’était déjà pas très joyeuse ! Pourquoi pas replonger dans ces histoires qui n’étaient pas piquées des vers. Mais 800 pages c’est trop lourd. J’attendrai le poche.

  • dasola

    Bonsoir Alex-mot-à-mots, un roman que j’ai repéré pour un emprunt un jour en bibliothèque. Bonne soirée.

  • tadloiducine

    Bonjour Alex mot-à-mot
    C’est dasola qui m’a prévenu de cette participation aux épais de l’été, que je viens de prendre en compte (merci!).
    J’avoue que j’ignorais non seulement l’existence de cette trilogie « Bleus blancs rouges » dont tu nous présentes aujourd’hui le premier tome, mais même l’existence de l’auteur. En cherchant à en savoir davantage, j’ai constaté avec amusement qu’il a écrit sur une période antérieure à sa naissance, dont il n’a donc connaissance que par ouïe-dire (familial, qui sait?) ou bien en s’étant documenté dessus, mais qu’il n’a en tout cas pas vécue personnellement!
    Bon, c’est peut-être de l’histoire un peu trop « contemporaine » pour moi, par contre (en ce moment, je suis plutôt dans Les piliers de la terre et leur XIIe siècle!)… mais sait-on jamais?
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

  • bulledemanouec671473c7

    Pourquoi pas en effet, le mélange d’histoire et de fiction devrait me plaire, mais ce ne sera pas pour tout de suite c’est un trop gros pavé !