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Kolkhoze – Emmanuel CARRERE

Je ne peux pas dire que j’ai aimé cette lecture trèèès longue.

Les 250 pages de généalogie m’ont lassé. Certes, à la sauce Emmanuel CARRERE avec pleins d’anecdotes, mais tout de même.Bon, ensuite l’auteur en arrive à parler de sa mère après avoir parlé rapidement de son père.

J’ai aimé découvrir les origines géorgiennes de sa mère, dont la cousine Salomé deviendra la présidente de 2018 à 2024.

J’ai aimé découvrir l’amitié étrange entre la mère et Robert Brasillach, avant qu’il ne soit fusillé pour intelligence avec l’ennemi.

J’ai aimé le père Olympe et sa générosité, rencontré à Bordeaux et qui aidera le jeune couple même à Paris.

J’ai aimé les leitmotivs de la valise des grands-parents dont Salomé se sert encore ; celui des robes bariolées d’Hélène et de l’hôtel Ukraine de Moscou dans lequel la famille descend lorsque chacun se rend en Ursse ; le bureau sombre aux toiles de jute verre bouteille dans lequel son père travaille.

J’ai aimé que dans les premiers chapitres, l »auteur convoque les grandes plumes littéraires pour parler de la Russie de sa mère. Dostoïevski et Tolstoï ne sont jamais loin dans le livre.

J’ai découvert une femme, la mère, hantée par la disparition de son père à la Libération en 44, lui qui avait pourtant rasé sa moustache pour changer d’apparence. Elle restera éternellement cette petite fille avec la main dans celle de son père qui vient d’être humilié en publique.

J’ai préféré son père, l’homme discret qui a reçu l’ordre de faire chambre à part, qui n’aime pas les mondanités mais vivra toute sa vie à côté de la femme qu’il aime et dont il a fait la généalogie avec plus de passion que celle de sa famille.

Quelques citations :

A ma mère l’histoire réelle, à moi la fiction : ainsi les moutons seraient-ils bien gardés. Mais c’est elle qui m’a fait comprendre que l’imagination au pouvoir, comme on disait en 1968, c’était aussi le triomphe, tout à fait réel, de la tyrannie. (p.335)

Le Z est la croix gammée du poutinisme. Entrez Z et non-Z, la division est partout : au travail, dans les familles. (…) On s’est fait des illusions en pensant que le poutinisme était simplement un régime mafieux, mû par cette chose somme toute rassurante qu’est la cupidité. Il s’agit de tout autre chose. Il s’agit de créer et d’exposer aux yeux du monde un homme nouveau, un vrai Russe habité par le ressentiment, la violence, l’ignorance crasse et la fierté mauvaise d’avoir compris que la vie, c’est la guerre de tous contre tous. Sur le blog d’un historien russe en exil : « La Russie voulait être la Troisième Rome, elle est devenue le Quatrième Reich. » (p.441)

L’image que je retiendrai :

Celle du père qui a conservé une fougère venu d’un lieu particulier pour le couple, et qu’il conserve dans une boîte fabriqué par un bagnard de Cayenne.

POL, 28 août 2025, 560 pages

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