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Nulle part où revenir – Henry WISE

Tout de suite, j’ai aimé la maison coloniale délabrée dans laquelle vit le personnage principal Will. Ses ancêtres étaient de grands planteurs de tabac mais son père a abandonné la plantation pour devenir avocat dans la grande ville de Richmond toute proche, laissant ainsi se délabrer le bâtiment.

Will revient dans la demeure et héberge clandestinement un ami poursuivi par la police.

J’ai aimé ne pas savoir tout de suite si les personnages étaient noirs ou blancs, même si cela revêt son importance aux Etats-Unis, et d’autant plus dans cet état du sud.

J’ai aimé que le personnage de Day aie grandit dans le marécage du snakefoot où sont relégués les descendants d’esclaves et les white trash. J’ai aimé que Will se rende comte qu’en fermant les yeux, il ne sache pas dire si cette femme est noire ou blanche à sa façon de parler. Bref, j’ai aimé ce personnage entre deux mondes.

J’ai sourie chaque fois que Will devait manger du coleslaw, sorte de plat typique de la région.

Une région (et un roman) remplie de mocassin à tête cuivrée qu’il vaut mieux éviter, de cadavres d’animaux sur les bords des routes.

J’ai aimé le personnage discret de Tania, la secrétaire du sheriff, que personne n’écoute mais qui sait tout sur tout le monde.

Un roman sur la violence d’un monde d’hommes, une souffrance qui entraine d’avantage de souffrance.

Un roman fort sur la paternité dans ces états du Sud qui ont pléthores de statues des Grands Hommes de la Guerre de Sécession, mais des états qui ne savent pas élever des hommes qui seront des pères. Seuls le père et le grand-père de Will apparaissent comme tel : présents et aidant leur enfant.

J’ai apprécié que la dernière image soit celle d’un piédestal sans statue de général sudiste.

Enfin, un roman sur les états sudistes qui ne se sont jamais remis d’avoir perdu la Guerre de Sécession et qui ne savent pas se défaire de cette souffrance.

Quelques citations :

Pose-toi la question : est-ce que tu espère réellement résoudre un problème, ou est-ce que tu as pris l’habitude qu’il te serve de béquille ? Parfois, on apprend à se délecter de notre douleur. (p.273)

Une longue lignée de pères, avec ce titre et rien d’autre, tous impuissants dans leur absence, emplissant leur famille de leur manque flagrant. (p.418)

L’image que je retiendrai :

Celle de la ville de Richmond décrite comme une ville en train de revivre de ses cendres, à l’image de la maison de Will qu’il répare.

Sonatine, 28 août 2025, 544 pages

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