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Mater Dolorosa – Jurica PAVICIC

Je retrouve avec plaisir la plume efficace de Jurica PAVICIC pour ce troisième roman traduit en français.

Nous suivons cette fois Ines, sa mère Katja et l’enquêteur Zvone. Ce qui les relis : le meurtre de la jeune Viktorija Reba dans une usine désaffectée.

Ines travaille dans un hôtel à touriste à Split, l’occasion pour l’auteur de nous parler de cette ville aux décors historiques qui accueille des touristes du monde entier à la belle saison. Le reste de l’année, c’est une ville pluvieuse et sans animation.

Le père de Zvone et la famille d’Ines habitent dans des immeubles construits au temps de la splendeur communiste. Souvent hérités de grands-parents, les logements sont restés dans leur jus.

J’ai aimé les coups de griffe de l’auteur envers les « vertueux urbanistes » (p.68) et autres caciques du Parti.

J’ai aimé que l’auteur me parle des anciens combattants de l’armée Croate : le père de Zvone a fait cette guerre et en est revenu malade à ses 30 ans. 30 ans plus tard, il souffre encore.

L’auteur décrit des habitants qui appartiennent soit à la classe laborieuse, soit à la classe dirigeante.

L’auteur laisse le personnage de Mario, le frère d’Ines, dans l’ombre. Il apparaît peu, a toujours un visage indéchiffrable, et pourtant c’est autour de lui que tourne le roman : a-t-il tué Viktorija Reba ?

Ce roman pose la question de l’acte violent non prémédité : Zvone en est incapable, mais son père a pu le faire pendant la guerre.

Un roman qui pose aussi la question de la réaction de la mère du coupable qui, dans ces pages, cache les preuves incriminantes. Une mère des douleurs qui protège son enfant meurtrier.

J’ai aimé le regard sans concession de l’auteur sur son pays qui après Tito a connu la guerre, et maintenant les réseaux sociaux (autre catastrophe capable de détruire des vies).

Une citation :

(Les bijoux) termineront sur un tas comme l’or cassé pour la revente. Avec ces bijoux de famille, on achètera une voiture d’occasion ou des billets pour le Canada, on remboursera des dettes, on ouvrira un commerce ou on effacera une hypothèque. Ce qui a été acquis en grande pompe finira par être vendu discrètement et avec un brin de honte. C’est ainsi – Ines l’a compris au bout de quelques jours – que tourne l’économie circulaire de l’orfèvrerie. (p.293)

L’image que je retiendrai :

Encore une fois, on cuisine beaucoup dans ce roman : la mère Katja mais aussi sa fille (des œufs à la pancetta).

Lu sur Liselotte grâce aux Editions Agullo que je remercie encore une fois pour leur confiance


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