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La nuit au cœur – Natacha APPANAH

Chahinez Daoud, Emma et Natacha. Ces trois femmes n’auraient pu être que des statistiques de femmes mortes de la jalousie maladive de leur conjoint. Grâce à la dernière qui a pu s’échapper, elles redeviennent des femmes avec une histoire.

J’ai aimé que ces trois femmes (dont l’auteure) redeviennent sous la plume de Natacha APPANAH des femmes qui aiment (le rose, les pampilles, les pyjamas doux, leurs enfants) et pas seulement des femmes qui vivent dans la peur.

J’ai apprécié de voir reproduit le violentomètre qui permet à chacune des lectrices et des lecteurs de se situer dans l’échelle de la relation.

Il est dit des femmes qui veulent quitter leur conjoint qu’elles font le va-et-vient 7 fois avant de le quitter définitivement. Et l’auteure explique la force de vie avec le bourreau qui appelle. N’oublions pas que c’est la seule vie que ces femmes connaissent, et elles n’ont plus l’énergie d’en imaginer une autre.

J’ai été frappé de constater que dans ces trois destins, le mari violant se pensait cocu (à tord). Comme si les femmes ne pouvaient exister par elle-même : ils leur faut forcément un homme pour vivre. Ce comportement démontre également combien ces hommes sont peu sûr d’eux, toujours dans le doute quant à leurs capacités.

Ce roman m’a fait penser à l’impossible séparation : plutôt la mort (de l’autre) que la souffrance de la rupture.

J’ai aimé le travail stylistique pour parvenir à mettre des mots sur les nuits blanches, la surveillance, le harcèlement constant. Et malgré tout, l’auteure doit laisser sous silence le plus gros traumatisme, celui de la nuit sur un lit avec un pied calé par des moellons.

Un livre sur ces terribles nuits, parfois fatales, pendant lesquelles ces trois femmes ont fuit la voiture de leur conjoint – compagnon qui les poursuivait.

L’image que je retiendrai :

Celle du trou dans lequel est tombé la narratrice pendant les 7 ou 8 années qu’elle a passé avec son groomer : un trou sans fond dont elle a du mal à se souvenir.

Gallimard, 21 août 2025, 288 pages

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