La nuit au cœur – Natacha APPANAH
Chahinez Daoud, Emma et Natacha. Ces trois femmes n’auraient pu être que des statistiques de femmes mortes de la jalousie maladive de leur conjoint. Grâce à la dernière qui a pu s’échapper, elles redeviennent des femmes avec une histoire.
J’ai aimé que ces trois femmes (dont l’auteure) redeviennent sous la plume de Natacha APPANAH des femmes qui aiment (le rose, les pampilles, les pyjamas doux, leurs enfants) et pas seulement des femmes qui vivent dans la peur.
J’ai apprécié de voir reproduit le violentomètre qui permet à chacune des lectrices et des lecteurs de se situer dans l’échelle de la relation.
Il est dit des femmes qui veulent quitter leur conjoint qu’elles font le va-et-vient 7 fois avant de le quitter définitivement. Et l’auteure explique la force de vie avec le bourreau qui appelle. N’oublions pas que c’est la seule vie que ces femmes connaissent, et elles n’ont plus l’énergie d’en imaginer une autre.
J’ai été frappé de constater que dans ces trois destins, le mari violant se pensait cocu (à tord). Comme si les femmes ne pouvaient exister par elle-même : ils leur faut forcément un homme pour vivre. Ce comportement démontre également combien ces hommes sont peu sûr d’eux, toujours dans le doute quant à leurs capacités.
Ce roman m’a fait penser à l’impossible séparation : plutôt la mort (de l’autre) que la souffrance de la rupture.
J’ai aimé le travail stylistique pour parvenir à mettre des mots sur les nuits blanches, la surveillance, le harcèlement constant. Et malgré tout, l’auteure doit laisser sous silence le plus gros traumatisme, celui de la nuit sur un lit avec un pied calé par des moellons.
Un livre sur ces terribles nuits, parfois fatales, pendant lesquelles ces trois femmes ont fuit la voiture de leur conjoint – compagnon qui les poursuivait.
L’image que je retiendrai :
Celle du trou dans lequel est tombé la narratrice pendant les 7 ou 8 années qu’elle a passé avec son groomer : un trou sans fond dont elle a du mal à se souvenir.
Gallimard, 21 août 2025, 288 pages
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Haute-folie - Antoine WAUTERS
24 commentaires
vagabondageautourdesoi
J’avais oublié le violentomètre et le chiffre 7 pour décrire la difficulté à quitter l’emprise. Et c’est vrai que Nathacha Appanah décrit des femmes dans leur féminité banale ! Beau retour pour un récit essai essentiel ! Encore en sélection pour le Renaudot, le Goncourt et le Fémina. Ou pourquoi pas pour ceux des lycéens. En tout cas, à découvrir, en effet !
Alex-Mot-à-Mots
Le problème, c’est que ce n’est pas un roman au sens stricte du terme.
ToursEtCulture
il est dans ma PAL, j’attends le bon moment
Alex-Mot-à-Mots
Je comprends, le sujet est difficile.
bulledemanouec671473c7
J’aime beaucoup cette écrivaine et j’ai déjà noté ce titre pour le lire quand je le trouverai dispo en médiathèque, aussi je suis contente de découvrir ta chronique.
Alex-Mot-à-Mots
Une auteure dont j’apprécie les écrits. Celui-ci est très personnel.
keisha41
Je vois ce qu’est le violentomètre, mais groomer???
Alex-Mot-à-Mots
Le grooming désigne le processus par lequel un adulte aborde intentionnellement des mineurs et les manipule à des fins sexuelles.
Light And Smell
Difficile de parler d’un tel thème mais l’autrice semble très bien y arriver. Un thème hélas encore trop actuel…
Alex-Mot-à-Mots
Et un récit très personnel.
Hedwige
Un thème qui me révolte et dont le perpétuation m’effraye, mais trasmis par cette auteure et à travers ces trois femmes, il me tente grandement. Merci Alex 🙂
Alex-Mot-à-Mots
Attention toutefois, ce n’est pas vraiment un roman au sens stricte.
Sacha
Ce livre réussit visiblement à redonner un visage a ces femmes et à bien montrer le mécanisme d’emprise qui les rend incapables de fuir, ou trop tard…
Alex-Mot-à-Mots
C’est exactement ça.
aifelle
Je ne doute pas de la qualité de ce livre, mais je ne pense pas que je le lirai. Trop d’auto-fiction dans cette rentrée littéraire, j’ai aussi besoin de vrais romans.
Alex-Mot-à-Mots
Alors ce livre n’est pas pour toi, en effet.
Violette
Ce livre m’effraie mais je compte bien le lire. Il est en lice pour le Goncourt, il a ses chances !
Alex-Mot-à-Mots
Je suis étonnée qu’il soit en lice pour un tel prix car ce n’est pas un roman.
Les lectures de Marinette
Une lecture qui ne doit pas être simple, vu ce que ces femmes ont vécu. Je n’ai encore jamais lu l’autrice, alors je note. C’est un sujet que je trouve particulièrement important à mettre en avant.
Alex-Mot-à-Mots
Ce livre, qui n’est pas un roman, ne reflète pas la poésie habituelle de la plume de l’auteure. je te conseillerai plutôt Rien ne t’appartient.
PLK
un sujet bien difficile..
Alex-Mot-à-Mots
Malheureusement oui.
PLK
je ne pense pas lire ce livre.. le sujet est trop difficile.. je manque de courage sans doute
Alex-Mot-à-Mots
Je peux tout à fait comprendre.