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Les Deux Visages du monde – David JOY

Ce qui m’a frappé, dans ce roman, c’est que souvent les personnages sont pieds nus chez eux, dans leur jardin…

J’ai aimé suivre Vess, la grand-mère qui habite la petite ville depuis toujours, comme ses parents avant elle. J’ai aimé son amitié avec le sheriff blanc qui date de leurs années d’école.

J’ai eu plus de mal avec sa petite fille Toya qui rue dans les brancards et affiche, grâce à son art, le passé raciste de la ville.

J’ai aimé l’adjoint Ernie qui tente de retrouver un carnet contenant des noms de hautes personnalités du Klan.

J’ai aimé l’image du serpent dans la boîte à chaussures laissé dans la cuisine de Vess : ce n’est pas parce qu’elle n’ouvre pas la boîte que le serpent n’est pas là (ce n’est pas parce que l’on ne parle pas de racisme qu’il n’est pas présent).

J’ai aimé que l’auteur m’explique le point de vue des Blancs sur le drapeau confédéré : ça n’a rien à voir avec la guerre de Sécession mais avec le fait d’être né dans le Sud (p.140).

J’ai aimé le travail d’artiste de Toya, son travail de fin d’étude qui retrace la lignée des émotions depuis son arrière-grand-mère jusqu’à elle. J’ai aimé ses tenues colorés.

J’ai eu de la peine pour le sheriff qui ne comprend pas les questions soulevées par Toya. Il cherche, pourtant, mais ne peut se résoudre à ce que cette jeune fille perturbe le calme de sa ville.

Un roman foisonnant sur le racisme ordinaire et les clichés qui nous empêchent de voir la réalité.

Quelques citations :

La vérité, inspectrice, c’est qu’il ne faudrait pas qu’un Noir perde la vie pour que vous regardiez enfin la réalité en face, que vous ayez un éclair de lucidité. (p.281)

… la façon dont partout ailleurs dans ce pays les gens veulent croire que le Sud a comme qui dirait le monopole du racisme. Comme si ça existait qu’à un seul endroit. Mais j’ai un scoop pour toi, cette saloperie est aussi américaine que la Bud light et le base-ball. (p.343)

L’image que je retiendrai :

Celle de Vess attachée à son potager et à sa terre.

Sonatine, 29 août 2024, 432 pages

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