Impossibles adieux – Han KANG
Premier roman du Prix Nobel de littérature 2024 que je lis grâce à une amie, je suis à la fois enchantée et sceptique.
Enchantée par ce monde onirique et neigeux dans lequel se déroule la seconde et troisième partie du récit.
Sceptique sur la mise en lumière d’un crime de guerre de cette façon.
Le récit commence de façon réaliste : Gyeongha se rend auprès de son amie hospitalisée et lui promet de se rendre chez elle pour sauver son dernier oiseau en cage.
Nous ne saurons rien de Gyeongha sinon, au détour d’une page, qu’elle a eu une fille. Elle souffre de graves crises de migraines (est-ce suite à la disparition de sa fille ?).
De son amie hospitalisée Inseon, nous apprendrons plus de choses : c’est une réalisatrice de documentaires ; sa mère a cherché longtemps sa famille disparue lors du soulèvement de Jeju ; son père est un rescapé de prison.
J’ai découvert l’archipel de la province autonome de Jeju en Corée du Sud, son soulèvement tragique en 1948 qui a fait entre 18.000 et 30.000 morts. Ce roman raconte par bribes les conséquences de ce soulèvement et notamment les trois milles personnes rassemblées et tuées sur la plage de sable blanc, enfants et bébés compris.
Mais aussi les prisonniers soupçonnés communistes exécutés dans un ancien puits de mine de cobalt, sans identités.
Les souvenirs de ces atrocités se font dans un état de demi-sommeil pour Gyeongha : rêve-t-elle que Inseon lui parle et cherche les preuves accumulées dans sa maison ? Je n’ai pas eu de réponse à cette question.
Mais j’ai aimé que ce roman me parle de cette répression sanglante cachée par les autorités jusqu’à ce qu’un gouvernement non militaire soit élu en Corée.
J’ai aimé la mère d’Inseon qui prend les mains de ses interlocuteurs comme pour acter de la présence de chacun, elle qui a longtemps cherché sa famille.
J’ai eu de la peine pour Inseon dans son lit d’hôpital : elle a perdu deux doigts qui lui ont été remis en place, mais toutes les 3 minutes, pour que les vaisseaux sanguins et nerveux continuent d’irrigués ces doigts, une infirmière doit venir piquer ces doigts, la faire souffrir. J’ai aimé cette allégorie du soulèvement de Jeju : des membres-personnes de cet archipel ont été ôtés et les faire revivre fait souffrir.
L’image que je retiendrai :
Celle des rescapés enlevant la neige sur les visages des morts pour reconnaître les membres de leur famille sur la plage.
Merci Marie-Dominique pour cette lecture
Grasset, 23 août 2023, 336 pages
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Obsolète - Sophie LOUBIERE
10 commentaires
Light And Smell
Je n’ai jamais rien lu sur ce terrible événement et ses répercussions alors je te remercie pour cette découverte.
Alex-Mot-à-Mots
Moi non plus, avant cette lecture, je ne connaissais pas ce tragique événement.
Fanja
Une lecture qui m’a charmée et interpelée aussi !
Alex-Mot-à-Mots
Quelques jours plus tard, je garde finalement un bon souvenir de cette lecture.
vagabondageautourdesoi
Un roman complexe semble-t-il ?
Alex-Mot-à-Mots
Pas forcément, il se lit bien et la plume est agréable.
manou
Comme je ne l’ai jamais lu je l’ai noté justement avec ce titre…mais ça attendra, j’ai envie de lectures plus légères en ce moment…merci de nous le présenter
Alex-Mot-à-Mots
Il est vrai que le propos n’est pas léger.
coupsdecoeurgeraldine
Encore des événements historiques tragiques, loin de nous, dont on a aucune idée… Pourquoi pas, si ce roman croise ma route…
Alex-Mot-à-Mots
J’espère que ce roman croisera ta route.