Auteurs en J

Généalogie du mal – JEONG You-jeong

Voici un polar noir coréen qui m’a rendue anxieuse : imaginez un jeune homme dont l’auteur vous laisse penser qu’il pourrait être un meurtrier dans un appartement au 24e étage avec sa mère morte.

Nous suivons donc Yujin (prononcer comme Eugene en anglais) qui tente de cacher son crime, de nettoyer tout le sang, puis de cacher son crime à son frère adoptif.

Nous apprenons petit à petit que son frère aîné et son père sont morts quelques années auparavant en se noyant, et bien sûr, le lecteur en vient à imaginer que ce n’est pas un accident.

La tante de Yujin ne cesse d’appeler pour avoir des nouvelles de sa sœur, ce qui crée un stress supplémentaire à cause du téléphone qui sonne régulièrement.

De plus, le chien du 22e ne cesse d’aboyer et les policiers de venir sonner à la porte.

Nous découvrons un Yujin qui entend la voix du soldat bleu dans sa tête qui le réconforte, et celle du soldat blanc qui lui dit la vérité. Il ne cesse d’entendre sa mère dans sa tête et de la voir sur la balancelle de la terrasse. Nous comprenons ainsi qu’il a des hallucinations auditives et visuelles, ce qui commence à nous mettre un doute sur sa santé mentale.

J’ai découvert petit à petit un homme qui ne ressent rien, ni inquiétude, ni fureur ni plaisir.

Je l’ai presque plaint d’avoir une mère qui ne discute pas avec lui mais lui pose sans cesse des questions qui veulent dire autre chose ; d’avoir une tante omniprésente qui lui demande des comptes sur ses moindres faits et gestes.

J’ai découvert ce qu’était un prodrome : le signe avant coureur d’une maladie.

Un récit qui se déroule en huis-clos et ne cesse de jouer avec les nerfs de son lecteur au travers d’un personnage qui ne fait que calculer sa prochaine action.

L’image que je retiendrai :

Celle de la boucle d’oreille en perle que Yujin retrouve dans l’entrée de l’appartement et qui appartenait à une jeune femme morte la même nuit.

Philippe Picquier, 28 mai 2020, 511 pages

23 commentaires