Auteurs en L

Camera obscura – Gwenaëlle LENOIR

J’ai aimé le texte en exergue : le photographe existe vraiment mais il doit rester caché. Nous ne connaitrons jamais son nom ni dans quel pays il a vécu.

Rien n’est jamais dit de front, le narrateur use de périphrases pour parler de l’armée (les pantalons de tergal, les cheveux gominés), de son supérieur (Moustache frémissante), des fourgons rouillés qui transportent sa cargaison de suppliciés.

Le narrateur est photographe dans une morgue de la capitale et chargé de photographier les visages des morts de la veille. Au début du récit, ils sont peu nombreux, puis leur nombre va croissant, beaucoup trop au fur et à mesure du soulèvement populaire.

J’ai senti la peur monter, car le narrateur prend des risques en divulguant les photos qu’il a prise.

J’ai aimé son amour pour sa femme Ania qui l’encourage a avoir des rapports sociaux et à continuer ses divulgations. J’ai aimé son amour pour ses enfants Najma et Jamil qu’il ne peut voir autant qu’il veut. J’ai aimé son amour de son pays aux milles senteurs et saveurs.

Au fur et à mesure que les corps s’accumulent, la capitale devient une fournaise, l’atmosphère devient irrespirable, les employés doivent porter leur uniforme, ils sont de plus en plus fouillés, l’étau se ressert.

Il est maintes fois répété que le plus petit changement apporte le soupçon qui peut vous être fatal, que quiconque n’a pas le bon protecteur peut tomber en disgrâce, que seul le clan du président continue de vivre bien.

J’ai aimé les manifestants désignés comme ceux qui chantent et qui dansent.

J’ai aimé que le narrateur fasse voyager les morts sur sa clé USB, et que la liste des premiers morts soit si importante pour lui.

Un texte fort sur un homme comme les autre qui se révolte contre le pouvoir en place qui a perdu le sens de la mesure. Un homme qui risque sa vie pour témoigner des mensonges du président et de ses hommes.

L’image que je retiendrai :

Celle de la clé USB d’abord caché dans les gâteaux à la fleur d’oranger confectionnés par Ania.

Julliard, 4 janvier 2024, 224 pages

14 commentaires

Laisser un commentaire