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Cabane – Abel QUENTIN

Je découvre l’auteur avec son nouveau roman qui commence comme une histoire vraie : 4 scientifiques de Berkley écrivent le Rapport 21 en 1973 sur les perspectives de l’humanité. Bien sûr, les différents scenarios sont catastrophiques. L vrai rapport de 1972 a pour titre Les limites à la croissance.

J’ai aimé suivre Mildred et Eugene DUNDEE qui se verront confier la lourde tâche de parcourir le monde pour donner des conférences de presse en vue de faire connaître le rapport. Le couple décide, après la campagne de dénigrent dont ils ont fait l’objet, de se retirer à la campagne et d’élever des porcs.

Il y a le français Querillot qui ira ensuite travailler pour ELF et vivre une vie de nantis.

Et puis il y a le mystérieux norvégien Johannes GUDSONN, mathématicien prometteur, qui a littéralement disparu des radars.

Le journaliste Rudy Merlin est chargé de retrouver sa trace.

J’ai retrouvé avec plaisir le nom du mathématicien français Grothendieck, réformateur de la géométrie algébrique, plus grand mathématicien du 20e siècle, et qui a choisi la voie écologiste dès 1971.

J’ai découvert le groupe Bourbaki (toujours à propos des mathématiques), mais aussi mes enseignements de dynamique des systèmes et de typologie générale à Berkley.

J’ai eu de la peine pour le norvégien, jeune prodige des mathématiques, abandonné par sa famille, et obsédé par la suite de Fibonacci, la malédiction des villes et la bombe démographique.

Je me suis demandé pourquoi Unabomber se trouvait dans le texte : parce que Théodore Kaczynski a été lui aussi professeur à Berkley avant de devenir un ermite tueur.

Bien sûr, j’ai aimé ce roman qui remet la pensée de Bernanos au centre du combat du norvégien : un penseur contre la technique à tout prix (p.385).

J’ai aimé les pointes d’humour qui se glisse parfois : « La veuve Dundee était gaulée comme une momie » (p.420)

Un roman qui met en scène, dans sa seconde partie, la dérive d’un homme qui cherche la Perfection du Nombre en s’éloignant de l’humanité.

L’image que je retiendrai :

Celle de la cabane en Norvège dans laquelle vit Gudsonn quelques années avant de l’abandonner : en pleine nature, loin de la ville.

L’Observatoire, 21 août 2024, 476 pages

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